Premier entrainement de chasse. [Nuage Glacé • Étoile Filante]

Je sentis une patte frôler mon épaule et me secouer légèrement. Une voix féminine me chuchota alors qu'il serait bientôt tant de partir pour l'entrainement. J'ouvris les yeux, le cerveau encore embrumer de fatigue et distingua alors le pelage blanc d'une apprentie du clan. Celle-ci ce dirigea vers la sortie de ma nouvelle tanière, celle des apprentis, puis ce retourna afin de m'attendre. Je me levai difficilement puis m'étirai longuement, tout en baillant. Je marchai ensuite silencieusement entre les autres petits félins encore endormie. La femelle blanche m’entraîna vers la pile de gibier et me fit choisir avant elle. Je pris sans hésiter une souris qui trônai sur le dessus de la pile, puis attendit qu'elle prenne à son tour une proie, puis elle partie manger près d'un buisson.

Je vins me placer aux cotés de la petite chatte au pelage de neige. Notre dîné ce fit en silence. Seul le chant des rares oiseaux assez audacieux pour être resté durant l'hivers brisait le silence, accompagné du doux bruissement des feuilles lorsque la brise les fait valsé. Je me demande quel genre d'entrainement me réservait la chef du clan, à moins que ce soit le mentor de Nuage de Perle, la féline à mes cotés, qui m’entraîne aujourd'hui. Je remarquai alors que justement, deux chats s'avançaient vers nous. Ma réponse ne saurait tardé.

« C'est l'heure de l'entraînement. Serre d'Aigle et Nuage de Perle ne vont pas s'entraîner avec nous, Nuage de Perle a plus d'expérience et ce n'est pas son premier entraînement. Puisque c'est ton premier apprentissage, nous allons faire le tour du territoire. Si nous avons le temps ensuite, nous irons chasser avec eux. Suis-moi Nuage Glacé. »

Je fis un signe de tête à Nuage de Perle pour la saluer, elle fit de même, puis je partie sur les traces de ma mentor. Ma première sortie officielle ! Je me plaisais à trottiner tranquillement sur le sol d'épines de pins de notre clan. En effet, les épines formaient une sorte de tapis qu'on pouvait presque trouver doux avec l'habitude. Disons qu'elles protégeaient au moins nos coussinets du froid mordant de l'hivers. Nous cheminions tranquillement, je ne lui demandais pas où on allait, j'aurais surement bientôt ma réponse. Effectivement, très vite je sentie la puanteur atroce du chemin du tonnerre. Une fois un peu plus proche de celui-ci, ma mentor pris la parole.

« Que sens-tu? » A peine avais-je levé le nez qu'elle poursuivit. « Si tu ouvres ta gueule tu sentiras mieux les odeurs. »

Mes oreilles se couchèrent sur ma nuque malgré moi. Comme si j'avais envie d'avoir la puanteur du chemin du tonnerre dans la gueule toute la journée. Néanmoins, je m'exécutai, fronçant le museau. Derrière l'odeur de la route, je sentais celle des arbres, différente de la notre. Je me rappelais cette sortie où j'avais traverser la frontière pour me rendre aux quatre chênes et pouvait donc facilement mettre une image à la senteur de leurs arbres. Je me concentrai un peu plus et reconnu vaguement celle des chats. Je me promis intérieurement de la mémoriser. C'était celle du Clan du Tonnerre. Je le savais car ils ne sentaient ni le poisson, et il vivait dans une foret, alors que ceux du vent vivent dans les landes, loin de notre territoire. Je plongeai ensuite mes yeux de glace dans ceux de la meneuse avant de prendre la parole.

« Le chemin du tonnerre, séparant notre territoire de celui du clan du même nom. Je sens aussi l'odeur des chênes et vaguement la leur, la puanteur des monstres la masque trop. »

La meneuse brune acquiesça en silence, apparemment satisfaite de mes paroles. Silence qu'elle ne garda que très peu de temps:

« Très bien, tu as tout compris. Avec le temps et l'habitude l'odeur des monstres sera moins dérangeante et tu sentiras plus clairement celle des chats du Clan du Tonnerre. Passons à la frontière du Clan du Vent. »

L'odeur désagréable des monstres et du chemin du tonnerre encore dans la gueule, je me demandais bien comme celle-ci pouvait devenir moins dérangeante. Que l'ont arrive à mieux distingué le parfum du clan du tonnerre et de son territoire était surement ce qu'elle voulait dire. Enfin, ce ne sont que des suppositions. Je suivis silencieusement ma mentor qui avait accéléré le rythme pour nous permettre de ne pas trop tarder. Ce fut les coussinets douloureux qu'elle me permit enfin de m'arrêter.

« Voici la lande, c'est là que chassent les guerriers du Clan du Vent. Plus loin, au coeur du territoire, se trouve probablement leur camp. Même exercice. Dis-moi ce que tu sens. Cela devrait être plus facile sans l'odeur du chemin du Tonnerre et des monstres. Ensuite, nous ferons un rapide tour vers les Quatre Chênes. »

Essoufflée, je prenais soins de rester un minimum silencieuse pour ne pas paraître trop faible aux yeux d'Étoile Filante. Je m'assis quelques instants pour calmer les battements rapide de mon cœur et surtout, pour reprendre mon souffle, sachant pertinemment que je ne pourrais réussir à mémoriser leurs odeurs, ou même à la sentir si je n'avais plus de souffle. De plus, je me doutais qu'à peine ma réponse donnée, elle repartirait en direction des quatre chênes, et, il valait mieux pour moi dans ce cas que j'arrive à suivre. Lorsque je me jugeai apte à faire ce même exercice, je me redressai et inspirai, la gueule entrouverte, afin de saisir la senteur des chats des landes.

« L'odeur des chats et des lapins dominent le territoire, le reste est principalement chassé par le vent je suppose. »

Comme pour confirmer mes paroles, un puissant mistral ébouriffa nos pelages. Le femelle brune ce releva et m'annonça:

« Après, nous irons chasser avec Serre d'Aigle et Nuage de Perle. »

Légèrement étonnée, je me mis néanmoins en route sans poser de questions. Je connaissais bien la position du chasseur étant donné que j'observais à longueur de journée les félins du camp, et que j'assistais parfois à des démonstrations. Je n'étais pas du genre à perdre mon temps dans de futiles jeux mis au point par d'idiotes boules de poils. Mais, théorie et pratique était deux choses différentes.. J'espère que Nuage de Perle aura la gentillesse de me donner quelques astuces si la meneuse ne le fait pas. Après tout, elle est la seule apprentie qui arrive à m'approcher et à me parler.

Une question tournait dans ma tête. Quand allais-je apprendre à combattre ? Car oui, voilà ce qui me faisait vibrer, voilà ce que j'aimerais travailler à cet instant, au lieu de perdre mon temps à courir aux quatre coins du territoires. Bien sûr, je savais qu'il était important que je connaisse les frontières, voilà pourquoi je ne laissai nullement paraître ni ma fatigue, ni mon ennui, mais, j'aurais préféré un entrainement au combat.

Voyant que je me laissais légèrement distancé par l'adulte, j'accélérai afin de la rattraper et tentais de maintenir le rythme. Pour une première sortie, je ne pouvais pas vraiment dire qu'elle me ménageais, mais peut-être était-ce mieux ainsi. Enfin, je reconnu l'endroit où ce dressait les immenses arbres et où j'y avais rencontré cette idiote solitaire. Je m'assis près de la meneuse et attendis ses directives, reprenant encore une fois mes forces dans cette courte pause.

Le grande femelle au pelage brun tigré fuyait mon regard, tout comme si elle fuyait autre chose en ces lieux. Sa posture n'était pas digne d'une meneuse, surtout en la présence d'autres félins. Les leaders ce doivent d’être fort et puissant en toute circonstances aux yeux de leurs clans. Enfin, c'est ce que je pense. Pour en revenir à ma mentor, elle semblait triste et agacée, sans que je puisse en connaitre la raison.

« Voici les Quatre Chênes, je n'ai rien à t'apprendre, tu sais tout, enfin, j'espère. On dit que c'est ici que le Clan des Etoiles est le plus présent. »

Je fus étonnée de la colère qu'elle laissait transparaître à travers ses paroles, mais ce qui m'interpella plus encore fut le contenu de celles-ci. Elle gronda légèrement lors de la fin de sa phrase, surprenante d'ailleurs. Car, de ce que disent les félins, le clan des étoiles est présent partout avec nous, et plus encore à la fameuse pierre de lune. Sa colère occuperait-elle ses pensées à ce point ? Je suppose que ce n'est pas à moi d'en juger. J'ouvris la gueule pour en faire la remarque à ma mentor, mais je n'eue pas le temps de parler que le mentor de Nuage de Perle et elle même surgir des buissons. Je décidais donc de garder le silence, mieux valait pour elle ne pas être dégradé devant les membres du clan.

La petite chatte blanche vint à mes cotés et me fit deux-trois remarques sur la position du chasseur, remarque que son mentor avait du lui faire un peu plus tôt. Les yeux rivés sur Étoile Filante, je l'écoutais avec attention. Sa plus grande erreur avait été de garder sa queue dressée, et je ne pu me retenir de sourire en y songeant. Étoile Filante semblait avoir remarquer quelque chose, et l'instant d'après, elle revenait avec un mulot entre les crocs.

« A ton tour. Essaye d'attraper un rongeur à partir de ce que tu as vu. »

Je me mis à mon tour à humer l'air, mais seule des odeurs éventés me parvenait. Je décidais donc d'aller chercher un peu plus loin, dans l'espoir qu'une proie s'y trouverait. Je n'eue pas à trop m'éloigner pour que le parfum d'un lapin me parvienne. Légèrement hésitante devant cette grosse créature, je ne savais pas vraiment si je devais ou non tenter de l'abattre. Je jetai un regard furtif derrière moi et vit le grand sourire de Nuage de Perle, se demandant si je pouvais faire pire qu'elle ou pas. Car oui, même si sa position du chasseur n'était pas parfaite, elle n'avait pas loupé sa première proie.

Je m'aplatie au sol et me guidai à l'aide de mon odorat pendant quelques pas. Le corps proche du sol, la queue frôlant le tapis d'épines, je vit enfin dépassé deux grandes oreilles blanches. Le seul problème était qu'un immense arbre mort ce dressait entre ma victoire et moi. Je continuai d'avancer afin de me rapprocher. Le vent était en ma faveur, mais je doute être assez douée, pour ne pas dire que je manque complètement d'expérience, pour arriver à l'attraper. Je priai silencieusement pour ne pas la manquer. Je m'avançai vers l'arbre et le longeai pour atteindre les branches et grimpai dessus. Ma belle fourrure noire jouais en ma faveur, et ma proie ne semblait pas savoir que j'étais là. Je me ramassais sur moi-même, fixant le rongeur. Il ne devait pas encore être adulte, heureusement pour moi. Je sautai de mon abri et réussis à atteindre le lapin. Je pense que Nuage de Perle aurait de quoi ce moquer un long moment devant la vue d'une petite chatte noire qui, pour atteindre la nuque de la bête, est carrément monté sur elle.

Une fois que je fus sure qu'elle ne soit plus en vie, je lâchai prise. Je tentai de tirer la défunte créature vers mes compagnons, et c'est le souffle court que je leur présentai ma victoire. Le lapin était trop lourde et moi trop jeune pour prétendre pouvoir la porter jusqu'au camp, mais au moins pour une première fois on ne peut pas dire que je ne vois pas les choses en grand. Après tout, c'est digne de l'apprentie de la meneuse. Et, qu'aurais-je pu attendre de moins de ma part si je souhaite prendre un jour la place d'Étoile Filante.

Ma mentor semblait plus que fière de mes talents, et encore, elle ne m'avait pas vu à l'œuvre au combat. J'étais plus que sûre d'aimer le gout du sang et l'excitation d'une bataille, ce qui rendrait facile mon apprentissage dans ce domaine. Quant à l'autre apprentie, elle affichait toujours ce grand sourire un peu moqueur quant à ma manière de tuer le lapin, mais il était moins éclatant que tout à l'heure. Surement jalouse de la chance incroyable que m'avait offert cette journée.

« Bien joué, ce lapin était immense et tu as réussi quand même à l'attraper. Les chatons et les reines seront ravis, une proie pour deux. Je te félicite. Nous allons rentrer. Sur le chemin, nous attraperons de quoi nourrir le Clan. »

A la fois déçue de ne pas pouvoir commencer l'entraînement qui me permettra de calmer ces pulsions meurtrières que je tente de faire taire au plus profond de mon âme et soulager de pouvoir enfin partir me reposer après cette longue journée à courir dans tout le territoire. Le mentor de Nuage de Perle sembla remarquer mes coussinets abîmés, mais le statut de ma mentor tout autant que mon regard semblèrent le dissuadé de faire un quelconque commentaire.

Lorsque la meneuse se mit en route, il se contenta simplement de marcher à ses cotés, mon énorme proie dans la gueule, sachant que je serais incapable de la porter. Plusieurs fois nous avions dû prendre une pause afin d'attraper une proie quelconque qui se faisait sentir non loin de là. Quand ce fut mon tour de m'éloigner du groupe afin de prendre une seconde proie, c'est un mulot qui fini entre mes crocs.

Une fois arrivée au camp, je parti déposer ma proie sur la pile de gibier, tout comme le reste de la patrouille. Un chaton faisait les yeux rond devant l'énorme lapin que j'avais attraper, celui que Serre d'Aigle portait. Il lui demanda avec sa voix aiguë et excitée de chaton si c'était lui qui l'avait attraper. Tandis que je laissais l'adulte faire mes éloges, je me dirigeais dans la direction de ma mentor qui m'avait fait signe de la suivre dans son antre. A peine avais-je mis les pattes à l'intérieur, les yeux scrutant cette fameuse antre qui était réservée à ma mentor qu'elle me fit signe de s'asseoir, faisant de même avant de prendre la parole.

« Alors, qu'as-tu retenu de cette journée? »

Je penchai légèrement la tête, plus par réflexe que par envie. Je ne savais pas vraiment ce qu'elle attendait de moi, mais je ne souhaitais pas lui demander plus de précisions. Faisant comme si de rien n'était, je lui répondis comme à mon habitude d'une voix froide, bien qu'empreinte de respect car elle était la chef du clan.

« Où étaient les frontières et à qui elles étaient, en plus d'avoir appris à chasser, bien qu'il reste surement quelques détails à améliorer. »

J'avais souvent tendance à me jeter des fleurs, et je pensais pouvoir me le permettre par rapport à la première fois que j'ai montré ma propre position du chasseur: Mes journées à observer les autres n'auront pas été inutiles, loin de là. Je ne doutais pas qu'il y avait encore du chemin à faire avant de devenir irréprochable sur ce plan là, bien que mon réel but était le combat, mais j'étais plutôt bien partie.